Point de vue d’experts Bertrand Coüasnon, Enseignant chercheur au laboratoire IRISA de l’Université de Rennes et Nicolas Sidère , Maître de conférences - Laboratoire informatique , image et interaction de La Rochelle Université. « IA et intelligence collective : quand la recherche et l’entreprise innovent ensemble » À l’occasion du salon INNN 2025, nous avons rencontré Bertrand Coüasnon (Université de Rennes, laboratoire IRISA) et Nicolas Sidère (Université de La Rochelle, laboratoire L3i), tous deux membres de l’association CIVIA : Collaborative Intelligence for Visual and Informational Awareness. Ensemble, ils nous partagent leur vision d’une intelligence artificielle à la fois responsable, collaborative et ancrée dans la réalité industrielle. CIVIA, un catalyseur de collaboration entre recherche et industrie CIVIA est un consortium en émergence réunissant laboratoires académiques et partenaires industriels autour d’un objectif commun : faire progresser la recherche appliquée en analyse documentaire, vision par ordinateur et intelligence artificielle. «Nous avons voulu structurer ce qui existait déjà», explique Nicolas Sidère. «Les chercheurs collaborent souvent entre eux, tout comme avec des entreprises, mais ces échanges restent ponctuels. L’idée de CIVIA, c’est de mutualiser nos expériences pour créer un véritable réseau national et international, capable d’innover collectivement.» Les collaborations s’appuient sur des besoins concrets :détection de modifications sur des documents, extraction d’informations dans des bilans financiers ou encore reconnaissance d’écriture manuscrite. Autant de thématiques où les approches scientifiques rencontrent les réalités des entreprises. L’importance du dialogue entre deux mondes Pour Bertrand Coüasnon, «travailler avec des entreprises, c’est essentiel pour ancrer la recherche dans des problématiques réelles». Mais la collaboration demande une bonne compréhension mutuelle, «Les entreprises ont des impératifs de marché, alors que la recherche avance sur des temps plus longs.» ajoute Nicolas Sidère. Le consortium CIVIA vise justement à fluidifier ce dialogue, clarifier les attentes, définir les zones de responsabilité et apprendre à “parler le même langage”. Cette approche collective crée des ponts durables, « On sort du projet bilatéral isolé. On apprend à se connaître, à construire sur le long terme, et à faire circuler la connaissance entre laboratoires et entreprises. » IA : maîtriser la technologie plutôt que la subir Experts en IA depuis plus de vingt ans, les deux chercheurs observent avec attention l’arrivée des modèles génératifs. «ChatGPT a créé un choc d’usage», reconnaît Nicolas Sidère. «Mais derrière la fascination, il faut comprendre ce que ces modèles font réellement et à quel coût.» Bertrand Coüasnon nuance, «Ces grands modèles sont puissants, mais souvent disproportionnés pour certaines tâches. On ne tire pas au bazooka pour écraser une mouche.» Les chercheurs défendent une IA plus sobre, maîtrisée, capable d’être performante avec moins de données et moins d’énergie. «Notre travail consiste à trouver le bon équilibre entre efficacité, pertinence et impact.» Vers une IA responsable et collective De la reconnaissance d’écriture ancienne à la détection de fraude documentaire, les cas d’usage se multiplient. Mais pour les chercheurs, l’enjeu dépasse la technique. «C’est une question de société», conclut Bertrand Coüasnon. «L’IA ne doit pas être seulement l’affaire de quelques géants. Elle doit se construire dans le dialogue, l’ouverture et le partage des connaissances.» CIVIA, à travers son approche collaborative, illustre parfaitement cette vision, celle d’une intelligence artificielle qui conjugue science, éthique et intelligence collective. Découvrez la Table-ronde “De la collaboration à la co-innovation: quand l’industrie rencontre la recherche académique” Regardez la table-ronde Regardez la table-ronde Les grands thèmes